Cela
fait bientôt 15 minutes qu’Achta (nom fictif pour taire son identité)
nous raconte son histoire dans un coin de la maison de la culture d’Abéché,
loin des regards indiscrets. Agée de 28 ans aujourd’hui, le regard froid et
désespéré, elle reprend son discours : « Heureusement que j’ai participé à cette séance qui m’a permis de
me dépister et de commencer le traitement ARV comme suis séropositive. »
Les séances d’information et de counseling dont parle Achta sont
organisées par la maison de la culture Ahmat Pecos d’Abéché avec l’appui de
l’UNICEF. Ces moments représentent des opportunités pour repérer, dépister et
traiter les jeunes et adolescents.
Cette année, la Journée mondiale de lutte contre le
sida 2019 est célébrée sous le thème : « Les organisations communautaires font la différence. »
Une occasion de mettre en avant le rôle primordial joué par les organisations
communautaires.
A Abéché,
ville située à 900 Km à l’Est du Tchad, plusieurs jeunes et adolescent(e)s
comme Achta, vivent dans les maisons closes et sont exposé(e)s au commerce du
sexe. Dans un contexte dominé par l’exclusion, ils exercent leur activité dans
la discrétion et sont exposé(e)s davantage au risque de contamination des
maladies sexuellement transmissibles dont le VIH/Sida. Faible capacité à
négocier des relations sexuelles protégées et parfois en manque de
préservatifs, le risque est d’autant plus élevé pour ces dernier(e)s.
La
discrimination et la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH font
toujours tâche d’huile dans la riposte au VIH. Achta, ayant été dépistée
auparavant dans le cadre des consultations prénatales, n’a pas réussi à
poursuivre son traitement par peur de rejet. A présent, il n’est plus question
pour elle d’arrêter son traitement : « Cette
fois, je prends correctement mon traitement parce que j’ai enfin compris que ma
survie dépend largement de la prise régulière des ARV. Au cours des séances de
causeries éducatives j’ai aussi appris à exiger le port obligatoire du
préservatif. ».
« Cette activité me permet de
prendre en charge mes enfants. Mais j’espère quitter un jour car ma fille de 13
ans habite avec moi. Je ne suis pas fière de l’exemple que je lui transmets.
J’espère une vie différente pour elle que celle de ma mère et de la mienne ».
Jusqu’au 3ème trimestre 2019, 944 pairs éducateurs ont été formés, 424 340 jeunes et adolescents sensibilisés, 310 631 orientés, 141 238 dépistés et 635 jeunes séropositifs mis sous traitement
ARV, à travers 27 structures culturelles du Tchad (Maisons
de Jeunes, Maisons de Quartiers, Maisons de Cultures). Grâce au
financement du Fonds Mondial, l’UNICEF appuie le Ministère de la Culture, du
tourisme et de l’Artisanat à travers le Programme CLAC (Centre de Lecture et
d’Animation Culturel) pour la prévention du VIH/Sida en milieu jeune et
adolescent ciblant les plus vulnérables. En se basant sur la carte de
vulnérabilité avec un accent particulier sur les filles, ces interventions
allient la paire éducation, les activités de communication de masse, de
proximité, le dépistage volontaire, l’accès au traitement, le suivi et l’appui
psychosocial.